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Exposition & Balade « Les communs du futur » @ Blanlhac, festival Nuits de rêve

11/07/2025

Exposition & Balade

Blanlhac

À l’occasion du festival NUITS DE RÊVE organisé par l’association RÊVE DE FOIN, nous présentons l’avancée du projet LES COMMUNS DU FUTUR avec une exposition composée d’un volet historique et de créations plastiques, d’un podcast, d’une publication, d’une émission radio, et d’une balade.

Rappel des objectifs du projet : https://pourlasuitedumonde.org/2024/07/10/les-communs-du-futur/

Une exposition et une balade pour découvrir le projet « Les communs du futur » autour des propriétés collectives en Haute-Loire, et à Blanlhac, entre autres. Forêts, pâtures, lavoirs, fours à pain ou encore assemblées :

Comment continuer à faire vivre ces héritages communs au XXième siècle ?

L’Assemblée de Blanlhac est un bien de section, c’est-à-dire une propriété collective appartenant à un groupe d’habitants. Dans cet espace aux usages multiples, l’exposition présente les premières explorations du projet Les Communs du futur, qui s’intéresse au modèle particulier des sections de communes en Haute-Loire. À travers des réalisations artistiques, des témoignages sonores et des archives historiques, cette exposition offre un premier aperçu de la vie de ces sections, de leur potentiel et des enjeux liés à leur transmission.

Exposition du jeudi 10 au dimanche 13 juillet, de 13h30 à 19h00

Vernissage de l’exposition : vendredi 11 juillet à 10h

Balade patrimoniale : dimanche 13 juillet à 10h

Émission radio, enregistrement : jeudi 10 juillet à 20h

Plusieurs actions sont intégrées à la programmation de l’évènement : 

» La reconduction de la balade « Nos sections en commun », présentée par Clotilde Redon, historienne indépendante et médiatrice culturelle, spécialisée dans le domaine de l’architecture et du patrimoine.

» Présentation de la première publication Les Communs du Futur, centrée sur les biens de section de Blanlhac, l’évolution du territoire et la question des droits coutumiers et du droit commun. Cette publication est le fruit du travail de Clotilde Redon, historienne indépendante et médiatrice culturelle, spécialisée dans le domaine de l’architecture et du patrimoine.

» Participation à une émission radio en live et en podcast sur la thématique des communs, animée par l’équipe du festival.

» Présentation de la version finale du documentaire sonore de Tini Chouvenc. La première version présentée en décembre 2024 constituait une première base exploratoire, regroupant les témoignages des habitants et membres de section des Béaux et de Pleyne. Ce témoignage à plusieurs voix donne une image des sections, un instant T, il esquisse les problématiques et préoccupations rencontrées. Faisant écho aux enjeux environnementaux et sociaux. Le documentaire présenté à l’été 2025 est enrichi avec différents points de vue afin de mieux comprendre les enjeux sous-jacents. Pour cela, plusieurs témoignages complémentaires sont ajoutés : Olivier Chavanon (CHAIRE VALCOM) à travers une approche sociologique et Clotilde Redon pour un regard et une inscription historique de la gestion des forêts dans le temps long des luttes paysannes.

» Vernissage et présentation de créations de l’artiste plasticienne Tini Chouvenc, mêlant propositions sensibles (céramique et photographie), et approches plus didactiques par l’historienne Clotilde Redon. Comme il s’agit d’un travail en développement, cette première restitution est envisagée comme une première pierre, un ensemble d’expérimentations, de prototypes que nous souhaitons confronter déjà avec un public, nombreux lors du festival Nuits de Rêve…, pour nourrir les savoirs partagés et enrichir notre travail.

Note de l’artiste Tini Chouvenc : Dans le cadre de cette restitution à Blanlhac, sont exposées au centre de la pièce d’exposition, les sculptures d’outils du four à pain, en céramique, bois et tissus, sur lesquelles sont inscrites des photographies.

Autour, sont suspendus sous forme de draps les travaux réalisés dans le cadre des médiations artistiques en partenariat avec la communauté de commune de Haut-Lignon, présentant une interprétation plus onirique de l’arbre et de la forêt. Sur trois draps est présentée une grande série de dessins d’arbres et de textes associés réalisés par les 5 classes d’enfants impliquées dans le projet. Les dessins sont accompagnés d’un texte réflexif sur les représentations du vivant, publié sur un 4e drap, écrit par Axelle Grégoire, Architecte / Cartographe, docteure du Muséum National d’Histoire Naturelle (Ecologie et Conception) et enseignante TALM Angers « Design d’espace et enjeux contemporains ».

Cette première phase d’exploration a mis en lumière la question de la transmission, indispensable à la survie des sections, ainsi que l’importance des savoirs et de la capacité créative des populations. Il existe souvent une tension entre la conservation et la métamorphose des biens de section. Certains considèrent ce patrimoine comme intouchable, devant respecter les traditions d’antan, même si elles ne sont plus en phase avec le vivant, créant ainsi des conflits d’usage pouvant conduire à une atrophie, voire à une disparition des biens de section. Cette année, plusieurs ateliers de réflexion (atelier patrimoine et transmission lors de la rencontre « la forêt cache t-elle le commun? » ou le 30 Janvier 2025 dans le cadre de la formation Patrimoine et Communs) ont permis d’explorer cette notion de patrimoine. La réappropriation et la transformation des espaces communs semblent indispensables à leur vitalité, afin de respecter la diversité des habitants, leurs droits culturels et éviter que ces biens ne deviennent une simple « carcasse vide de sens ». Dépasser l’aspect purement matériel de ces patrimoines pour prendre aussi en compte sa dimension sociale.

L’œuvre artistique de Tini Chouvenc est une interprétation sensible des enjeux qui entourent les biens de section et notamment les fours à pain en tant que patrimoine vivant et les forêts. L’histoire des fours collectifs – qui font partie dans la mémoire collective des banalités, ces équipements de l’époque féodale loués par les seigneurs à leurs sujets – est significative des enjeux liés aux luttes pour la conservation des pratiques communautaires.

À partir du XVIIIe siècle, les contestations se multiplient contre ces obligations considérées comme injustes. Les banalités s’arrêtent à Révolution française avec l’abolition des privilèges, et permettent ainsi aux habitants de construire leurs propres fours, comme c’est le cas à Blanlhac. Beaucoup de fours banaux ou communautaires sont tombés en désuétude, mais certains ont été conservés et restaurés et sont aujourd’hui investis positivement par la population. Ils deviennent des lieux de rencontre et de convivialité.

» Outils du four banal : ce qui nous (re)lie : deux outils essentiels trônent dans le four à pain : le racle et l’écouvillon. Le racle, ou tire braise, est une sorte de raclette utilisée pour retirer les braises avant la cuisson. Une fois les fraises ôtées, l’écouvillon, avec sa serpillère improvisée, permet un nettoyage sommaire mais efficace de la sole du four. Ces outils incarnent la transmission d’un savoir-faire, un passage de bâton symbolique entre les générations.

» Des objets culturels : symboles de lutte et de lien social. Tini Chouvenc façonne ces outils comme symbole de lutte. L’utilisation des fours banaux a complètement évolué depuis leur création. Auparavant, ils représentaient le rapport de force qu’exerçaient les seigneurs sur les habitants. Grâce aux luttes paysannes, les banalités ont été supprimées. En guise de revanche, ces fours une fois affranchis des seigneurs, sont devenus des biens communaux ou de sections. Ils sont encore utilisés aujourd’hui collectivement par les habitants, l’occasion d’être et de faire ensemble. Le racle et l’écouvillon – ainsi recréés en céramique, comme objets d’art, forts de nombreuses symboliques – deviennent ainsi des étendards. Une invitation à préserver le lien social dans nos campagnes, et de nous rassembler autour d’un besoin essentiel : manger afin de créer des moments de convivialité. Ces objets culturels incarnent alors une résistance à portée de main : celle de sortir de chez soi, allumer le feu et partager un morceau de pain avec ses voisins. Investir et se réapproprier collectivement ces patrimoines pour qu’ils restent vivants.

Le projet est porté par l’association Pour la suite du monde, en collaboration avec
Clotilde Redon, historienne indépendante et médiatrice culturelle, spécialisée dans le domaine de l’architecture et du patrimoine (hameau de Blanlhac, Rosières) – www.c-a-o.org
Tini Chouvenc, plasticienne céramiste, (hameau des Béaux) – http://tinichouvenc.com/
Et en partenariat avec La Chaire partenariale VALCOM (Fondation Université Savoie Mont Blanc), représentée par Olivier Chavanon et Jean-François Joye, ayant pour vocation de contribuer à réfléchir à l’avenir territorial avec les communs fonciers – https://www.fondation-usmb.fr/chaire-valcom/

Ce projet est soutenu par la DRAC et la Région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de l’appel à projets « Mémoire des XXe et XXIe siècles en Auvergne-Rhône-Alpes ».

Merci également au soutien de la Mairie de Rosières, à l’association Rêve de foin, aux habitants de Blanlhac, les Archives Départementales de Haute-Loire et à La Chaire VALCOM (Fondation Université Savoie Mont Blanc) qui accompagne ce projet.

Bulletin de 44 pages, imprimé à 200 exemplaires, imprimé en juillet 2025.

Textes & travail d’archives : Clotilde Redon, historienne indépendante et médiatrice culturelle, spécialisée dans le domaine de l’architecture et du patrimoine.

Interviews et édition, direction de publication : Sébastien Escande.

Graphisme du bulletin : Nathalie Lothier.
Graphisme du poster interne (carte + frise historique) : Baume.

Extraits :