Décembre 2023, je retrouve Névé Dumas dans un petit café culturel de OTTAWA. Il fait beau, le café est animé, thé et cookies, quelle joie d’écouter l’auteurice de deux de mes recueils préférés publiés récemment à l’Oie de Cravan.
Névé dumas est une poète, herboriste et travailleuse communautaire franco keb blanche. Elle vit sur les terres non cédées du Peuple Algonquin Anishinaabeg et son travail s’intéresse aux expériences trans en relation avec le plus-qu’humain, l’écosexualité et la survie dans un monde en changement radical. Névé Dumas écrit une poésie ancrée dans une profonde éthique de la relation. Elle invente un langage qui traverse les identités, les transcende sans pour autant les nier. Elle utilise pour cela une langue (la langue, le plus long muscle du corps) sensuelle et vorace, incarnée, douée d’une pulsion vitale très forte, et ouvre des mondes densément peuplés qui s’attachent à troubler, en une dévoration lente, le rapport colonial au territoire. La dégénérescence est proposée alors comme condition de la possibilité d’être au monde, la transféminité des rivières, comme le lieu où « l’amitié conspire avec le territoire ». Son dernier recueil « Poème dégénéré » poursuit le travail de compostage du précédent livre « pourritures terrestres », parus chez L’Oie de Cravan.
Cet entretien – podcast a été réalisé par Sébastien ESCANDE en décembre 2023 au Québec, dans le cadre du projet POUR LA SUITE DU MONDE – EN QUÊTE DE NOUVEAUX RÉCITS, avec le soutien du Consulat de France à Québec.
Habillage sonore, montage et mixage : Marjolaine Pont. Marjolaine Pont a étudié la composition électroacoustique et a travaillé à la radio. Elle mène un projet de musique électronique solo, et s’intéresse à la poésie.