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FUTURS POSSIBLES – Nouvelles perspectives sur l’écologie politique

Du jeudi 8 au dimanche 11 juin 2023, nous nous sommes rendus au festival « Futurs possibles » organisé au Château de Goutelas dont voici quelques mots introductifs « Le festival écologique et prospectif du Château de Goutelas revient pour une deuxième édition dédiée au sol, cette « zone critique » qui engendre la vie terrestre dans toute sa diversité. Jusqu’ici considéré comme un espace à occuper et à exploiter par les seuls humains, le sol, nourricier et fragile, doit désormais être envisagé comme un commun à ménager, à partager avec l’ensemble du vivant. »

Festival composé de multiples rencontres (artistes, chercheurs et chercheuses, militant.es) nous y avons rencontré quelques invité.es et nous les interrogeons brièvement sur une idée particulière, une pratique qu’iels développent dans une approche critique, sensible et politique de l’écologie.

Interviews : Sébastien Escande, montage : Marjolaine Pont.

Camille de Toledo : La fiction nous éloigne-t-elle de la prise de conscience du désastre écologique en cours ?

Lors des rencontres Futurs possibles, l’écrivain discute avec Aurore Chaigneau, professeure de droit spécialiste du droit de la propriété et des communs et Cyril Wolmark, professeur de droit spécialiste en droit du travail autour de la question « Faut-il donner des droits sociaux à la nature ? », s’appuyant notamment sur l’expérience du parlement de Loire. Nous discutons dans ce podcast de son dernier livre « Une histoire du vertige » (éditions Verdier) dont voici quelques mots :

« Écoute, le sol se dérobe, les mots dérapent ; partout, nos appuis s’érodent. Nous vivons “au-dessus” du monde, dans des bulles d’histoires ; ce que nous voyons, au loin, depuis cette hauteur, c’est une Terre abîmée, épuisée. Nous entrons dans un temps vertigineux. Et moi, figure-toi, avec les livres qui m’ont accompagné, j’ai voulu saisir les formes de ce vertige. Comprendre cette guerre, ce combat, et cette blessure, entre les langages humains et les autres formes de la vie. »

Axelle Grégoire : Cartographies pour changer les imaginaires de notre rapport à la terre

Architecte de formation, Axelle Grégoire a un parcours croisé. L’expérimentation est au centre de sa pratique, entre pièces artistiques et prises de position sur la ville. Elle mobilise la fiction, le projet-processus, la cartographie mais aussi des savoirs-faires anciens comme la gravure et l’ébénisterie pour développer des outils prospectifs (stratégie/modélisation/prototypage) pour l’aménagement des territoires. Elle partage dans ce podcast la pratique de cartographie « Terra Forma » portée en collaboration avec Frédérique Aït-Touati et Alexandra Arènes et qu’elle a proposée aux habitants du Forez.

http://s-o-c.fr/index.php/terraforma/

Léna Balaud : Nous ne sommes pas seuls, Politique des soulèvements terrestres

Lors du festival Léna Balaud, ingénieure agronome, agricultrice et chercheuse indépendante en philosophie politique, Antoine Chopot, doctorant en philosophie de l’écologie politique, et Paul Guillibert, docteur en philosophie discute « Pour une philosophie politique du vivant ». Son livre « Nous ne sommes pas seuls » (Éditions Seuil) co-écrit avec Antoine Chopot, véritable traité d’écologie politique terrestre, ouvre de nouveaux horizons pour « agir avec la nature contre ceux qui l’effondrent ». Elle nous introduit cette idée de rassemblement des forces, et d’intersection des luttes.

Paul Guillibert : Pour un communisme du vivant et une écologie politique du travail

Paul Guillibert, docteur en philosophie, élabore dans ses deux livres « Terre et capital » et « Exploiter les vivants » (Éditions Amsterdam) une critique écologique du capitalisme. « Replacer la production capitaliste et l’exploitation du travail au cœur de la crise, c’est rendre possibles de nouvelles alliances entre travailleurs et écologistes, entre humains et autres qu’humains. » Il nous propose une brève introduction à ses recherches.

Dusan Kazic : Quand les plantes n’en font qu’à leur tête, Concevoir un monde sans production ni économie

Dusan Kazic est spécialisé dans l’anthropologie des plantes et l’anthropologie politique. Dans son livre (éditions La Découverte), dont il introduit quelques idées dans ce podcast, il relate d’abord comment « les plantes ne sont pas (que) des êtres mangeables, mais des maîtres d’apprentissage, des êtres d’amour, des êtres de travail, des êtres de jeux, des êtres qui parlent à leur manière », et elles peuvent constituer des familles multispécifiques avec les humains. Dusan Kazic invite à rompre avec le paradigme de la production issu du savoir économique et à penser une agriculture des relations.

Tanguy Martin : Instituer les terres en commun, pour instituer l’alimentation en commun

Tanguy Martin a participé aux deux tables rondes « Diagnostic d‘un modèle agricole et alimentaire français » et « Quelles solutions pour révolutionner notre modèle agro-alimentaire ? ». Chargé de plaidoyer pour Terre de Liens, il partage actions et perspectives pour un monde habitable.

Raphaël Gouisset : Remède à la solastalgie

Le performeur et metteur en scène Raphaël Gouisset présente sa création en cours. La solastalgie est l’expression de la souffrance psychologique de certaines personnes face à la nature modifiée et aux paysages détruits par le changement climatique. C’est un « mal du pays sans exil » selon le philosophe français Baptiste Morizot.

Programme du festival à retrouver sur https://www.chateaudegoutelas.fr/

Thierry Segreto : Présentation du Festival « Futurs possibles »

Thierry Segreto, membre actif bénévole du Centre culturel de rencontre – Château de Goutelas (Marcoux) revient en quelques mots personnels sur le projet de festival, dont l’organisation est portée par toute l’équipe salariée et bénévole du Château de Goutelas.